22.02.22
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Cet article est la retranscription écrite d’une capsule audio diffusée lors de la 2e édition des Audio Days. Pour en savoir plus sur cet évènement, rendez-vous sur audio-days.com. Vous pouvez également écouter la capsule à la fin de cet article.

Amélie Oudéa-Castéra, je suis Directrice Générale de la Fédération Française de Tennis. Je suis également une ancienne joueuse de tennis de haut niveau, j’ai ensuite évolué dans le secteur public à la Cour des Comptes, puis dans deux grandes entreprises privées que sont AXA et Carrefour. Et j’ai pris la tête de la direction de la Fédération le 5 mars dernier, il y a près de neuf mois maintenant.

Alors, réinventer l’expérience client dans le tennis, on s’y attelle, ce n’est pas un chantier facile. Il a évidemment plusieurs facettes. Il y a d’abord, je pense, pour le grand public, une réinvention de l’expérience dans les clubs, de retrouver des lieux de convivialité avec des vestiaires avenants, avec aussi l’appui du facteur digital pour, par exemple, réserver un cours à distance de façon fluide. Il y a ensuite toute la problématique, notamment quand on est un jeune et qu’on s’entraîne en semaine des nœuds de transport pour arriver à rejoindre son centre d’entraînement de manière plus facile, plus fluide. 

Quand on est sur le court, je pense qu’il y a un travail qu’on doit mener autour des formats de compétition, pour les rendre plus ludiques, notamment en les rouvrant à des formats familiaux, de double, de double mixte, d’expériences avec du handicap (remonter le décompte des points pour essayer de battre votre adversaire). Des compétitions qui mêlent différents sexes aussi, parfois chez les jeunes, on s’aperçoit que jusqu’à l’âge de 12 ans, ça peut être super fun pour des petites filles d’essayer de défier des garçons dans les clubs. 

Et puis, il y a évidemment un volet aussi pour le circuit professionnel et puis pour les plus grands tournois. Je pense que pour le circuit professionnel, pour y avoir tourné pendant presque trois ans de 15 à 18 ans, il faut y remettre probablement un peu moins d’austérité. C’est des mondes dans lesquels il y a finalement parfois de la solitude, parfois de l’âpreté, parce que c’est des mondes hyper concurrentiels. Vous êtes un peu tout seul face à la défaite, à la victoire, avec le regard des autres qui peut changer selon si vous gagnez, que vous perdez. Comment on construit une robustesse, une espèce de bulle de bien-être ? Comment trouver des moments de calme ? Comment on continue aussi à s’enrichir, y compris intellectuellement ou avec des cours d’anglais, des cours de média training, une compréhension des business models, des événements quand on est un joueur, etc. ? Pour continuer à se construire un bagage qui nous protège quand on est blessé ou quand on a un petit coup de moins bien, ou quand on commence à anticiper sa reconversion et qui donne une sorte de petite bouffée d’oxygène là où, sinon, ça peut être très vite : mangez tennis, boire tennis, vivre tennis, dormir tennis et je pense qu’il faut qu’il y ait des moments un peu de décompression.

Et puis, au niveau des grands événements pour réinventer l’expérience client, on travaille sur l’innovation dans les formats de jeu. Peut être qu’un jour, on aura le set qui ne comptera plus quand on sert, comme c’est déjà le cas dans un certain nombre de compétitions junior. Peut-être trouver des façons d’avoir un point décisif à 40A, ce n’est pas pour tout de suite pour les Grands Chelems, mais c’est des formats qu’on peut commencer à expérimenter sur un certain nombre de circuits, de tournois. Mais voilà, c’est cette volonté d’innover pour rendre parfois le tennis moins lent. Je pense que c’est ce que les spectateurs attendent, qui est finalement plus de temps de jeu que de temps à côté. Un petit peu d’attente et donc travailler sur la dynamisation du spectacle et aussi, peut-être, d’arriver à laisser aux joueurs une capacité un tout petit peu plus forte d’expression de leurs sentiments. Je pense qu’on est tous un peu nostalgique de ça, alors il faut garder une belle tenue, un bon comportement sur le court. Mais je pense que de retrouver par moments, par accent, un peu plus de personnalité, ou alors l’imaginer dans les interviews d’après match, ça ferait du bien à tout le monde. On a une petite remise des prix qui était un peu longue cette année dans l’événement féminin après notre finale féminine qui avait été un match magnifique couronnant une quinzaine de jeux incroyables. Mais voilà, on n’avait pas complètement réussi à bien trouver notre rythme dans cette remise des prix et on voit tout de suite que ça, ça peut un tout petit peu dégrader l’expérience, alors même qu’il fait beau, que tout le monde est heureux d’être là, etc. Donc chaque détail compte, et on a en effet une responsabilité pour que ce qui se passe en dehors du court, pour mettre en valeur le travail de nos joueurs et de nos joueuses.

Comme ce média Decriiipt, les Audio Days sont une création originale de notre Groupe Iteractii et de Intuiti, avec le soutien de supers partenaires et sponsors. Vous souhaitez nous écrire ? Envoyez-nous un mail à l’adresse contact@groupe-iteractii.com.

Cette capsule audio est également disponible sur les plateformes suivantes : Deezer – Spotify – Apple Podcast