Suite à un retour d’expérience avec Anne-Cécile Galloy, Chief Marketing Officer chez Qare, nous avons voulu lui donner la parole pour qu’elle développe avec nous sa vision du management. Elle prend donc la parole sur son expérience et nous présente 3 des 5 grands principes qui régissent sa vie de manager.
Le management, il me semble qu’il devient un jour dans une carrière une composante de notre job sans qu’on ait vraiment le mode d’emploi, et ce malgré des études dans des business school ou des écoles de management. Alors on apprend en marchant, ou en manageant en l’occurrence.
Pour ma part, j’ai commencé à m’y intéresser vraiment quand j’en ai compris la valeur. En étant moi-même managée d’une façon qui m’a soudain permis de donner le meilleur de moi-même, et parce j’ai vu changer et s’épanouir autour de moi de nombreuses personnes au contact de ce manager auquel je continue de penser régulièrement (Phil, if you read me thanks again). Tout d’un coup ce manager, qui était aussi un grand leader, a complètement fait changer l’ambiance de travail et les performances de l’entreprise. J’ai compris à ce moment-là que le management était un outil puissant, autant humainement qu’en termes business.
Je me suis aussi inspirée de managers que j’admirais moins, j’ai appris en creux tout ce que je n’avais pas du tout envie de reproduire dans mon management. Et c’est ainsi que peu à peu, j’ai formulé des principes qui me guident dans mon travail de manager au quotidien.
Ce ne sont pas des principes figés, parce que moi-même et mon environnement, tout évolue, sans cesse. Ce dont je suis sûre c’est que le management me passionne, et donne beaucoup de sens à mon quotidien 5 principes guident mon management et me servent de repère. J’ai choisi d’en détailler trois ici.
1/ Créer de la confiance.
La confiance pour moi ça veut dire le contraire de la peur. La gestion par la peur et le leadership à la Jack Welsh (emblématique patron de GElectrics : je récompense le 20% plus performants et je vire les 10% qui le sont le moins) ne fonctionne plus aujourd’hui. Et il ne correspond pas non plus à ma façon d’envisager les relations dans mes équipes. Créer de la confiance qu’est ce que ça veut dire ? C’est d’abord créer l’environnement et les conditions pour que la confiance en soi se développe.
Pourquoi ? Parce que la confiance est pour moi le moyen de développer deux choses essentielles dans mes équipes : l’autonomie et la créativité. L’autonomie, c’est la capacité à prendre des décisions et à passer à l’action. La créativité, c’est le goût de trouver de nouvelles idées, et d’oser les exprimer.
Concrètement comment je fais pour créer ces conditions de confiance ?
- La première chose c’est que je clarifie mes règles et mes attentes. J’énonce clairement, par exemple, que selon moi, la meilleure façon d’apprendre est de corriger nos propres erreurs. Donc oui on peut se tromper, ça fait partie du process même. J’annonce même à mes équipes que moi-même je me trompe, parfois, et quand cela arrive je le reconnais, et on continue d’avancer.
- La deuxième chose c’est que je questionne et j’écoute. Beaucoup, tout le temps. J’engage mes collaborateurs à venir me voir avec des problèmes, et on les questionne ensemble. Je demande aussi souvent, lorsque nous sommes face à une décision à prendre : « et toi qu’est-ce que tu ferais si c’était toi seul qui décidait ? », ce qui pousse chacun à réfléchir et exprimer son point de vue.o Et puis aussi je repère et je célèbre les victoires. Individuelles et collectives. Ce sont des points d’ancrage essentiels de la confiance et il ne faut pas les louper. J ’apprends à chacun à repérer même les plus petites, chaque semaine. Ça aide à prendre conscience de sa valeur et à construire de la confiance en soi.
2/ Favoriser la collaboration.
Un des livres vers lequel je reviens régulièrement, c’est « The Hard thing about hard things” de Ben Horowitz. Une des idées qui m’inspire dans ce livre est la suivante : “Le plus difficile n’est pas de mettre en place un organigramme. Le plus difficile est de faire en sorte que les gens communiquent au sein de l’organigramme que vous venez de concevoir. »
La collaboration est particulièrement importante dans les start-ups, et plus généralement les environnements digitaux. Dans les équipes marketing et communication que je manage, on doit collaborer avec le produit et la tech au quotidien. Ce n’est pas une option. On a besoin les uns des autres, au quotidien. Chaque nouvelle feature qui sort, ou chaque nouvel outil installé nécessite une collaboration.
Cette idée de collaboration fait partie des règles et des attentes dont je parlais ci-dessus. Donc je l’énonce, et mon équipe sait que c’est un aspect que j’encourage et que je valorise. Et je n’hésite pas à la mettre dans les objectifs des collaborateurs qui ont spécialement besoin de la développer.
Il y a d’ailleurs deux types de collaboration à développer : à l’intérieur de l’équipe, et entre l’équipe et les autres départements. Et il est nécessaire de développer les deux.
La collaboration à l’intérieur de l’équipe, d’une part je l’encourage, mais je l’organise également. Nous commençons la semaine, mes managers direct et moi, par un échange sur la liste de nos priorités. Chacun sait exactement quelles sont les priorités des autres, et ce moment d’échange est peu peu devenu un espace de collaboration.
J’ai une grande confiance en l’intelligence collective, qui n’est pas simplement une croyance mais le fruit de mon expérience, peut-être dûe à mes années en agence de publicité et de design. Dans ces univers, la collaboration et la complémentarité des profils des commerciaux, des créatifs et des planeurs est au coeur de la création de valeur et du produit créatif.
3/ Apprendre à apprendre.
Dans les métiers du marketing digital, et spécialement dans les start-up, l’innovation est présente partout : les produits évoluent vite, les outils évoluent sans cesse, l’algorithme Google lui-même évolue régulièrement. Il est absolument nécessaire de se tenir au courant des évolutions métier. Et puis la curiosité est l’une des composantes essentielles de l’agilité. Dans ce contexte, apprendre à apprendre est l’une des valeurs fortes de mon management.
Je suis moi-même en apprentissage permanent, c’est l’une des richesses de mon poste de CMO et un élément de motivation fort pour moi. J’encourage également mes équipes à apprendre, afin que l’équipe entière progresse en permanence. En effet, je manage une équipe d’experts, qui le sont tous plus que moi dans leur domaine. Il est donc impératif qu’ils apprennent par eux même, et si je peux les aider à progresser sur un certain nombre de sujet, je ne peux en aucun cas le faire sur les aspects les plus opérationnels et techniques de leur job. Il est essentiel de comprendre cela, pour eux et pour moi.
Comment apprendre ? Il y a plusieurs façons de le faire, j’en encourage trois pour mes équipes : rencontrer des pairs régulièrement, assister à des événements et conférences métier, et lire un peu chaque semaine.
Je rencontre moi même très régulièrement des pairs, LinkedIn est fabuleux pour cela, et l’esprit d’échange et de partage est réel dans l’écosystème des start-ups. Un café, un zoom, un déjeuner avec un pair m’apportent immanquablement de nouvelles idées, que je partage à mon tour avec mon équipe.
Les événements consacrés au marketing digital sont nombreux et j’encourage là aussi mon équipe à y assister. Les sessions BigBoss, les conférences du Hub Institute ou de Viuz pour n’en citer que quelques-uns sont des carrefours d’échange d’expérience et d’inspiration formidables.
Les newsletter métiers sont bien sûr aussi une façon d’apprendre et de rester en contact avec ce qu’il se passe dans l’écosystème. First Round Review est une mine par exemple.
Dernière chose qui n ‘est pas la moins importante, je crois que l’on peut apprendre beaucoup certes de ses erreurs, mais aussi de celles des autres. « Les équipes performantes ne sont pas celles qui ne font pas d’erreurs. Ce sont celles qui en parlent ». Cette phrase d’Amy Edmonson, Professeur à la Harvard Business School, m’a donné l’idée d’une routine nouvelle avec mon équipe. le vendredi, nous échangeons 45 minutes sur les succès de la semaine, mais aussi sur les blocages et les erreurs commises. Les premières sessions m’ont fait vivre quelques moments de solitude, mais peu à peu la parole s’est libérée, la confiance en les autres s’est tissée, et ces sessions hebdomadaires sont devenues un espace d’apprentissage collectif extrêmement riche.
Ces quelques principes de management de sont pas des recettes, c’est simplement ce que je pratique moi, aujourd’hui, et qui évoluera certainement demain. Il existe évidemment plein d’autres façons de manager, et je reste très curieuse et à l’écoute de ce que font d’autres managers, dans mon secteur ou dans des univers complètement différents. Le manager pour moi, vous l’aurez compris, c’est celui qui grandit en faisant grandir les autres.